Abstracts > Le care en thérapie

  Atelier n°6 - Le care en thérapie 

Discutante : Laurence Monnais | Université de Montréal - CETASE

Présidente de l'atelier : Aurélie Varrel | CNRS - CEIAS

Atelier en français

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Le souci de l'autre dans l'hindouisme
Johan Krieg | Université Paris Nanterre - Laboratoire d'éthnologie et de sociologie comparative (LESC)

#Mots-Clés : Anthropologie du religieux, humanisme, philanthropie, hindouisme sectaire, religion

Quand il est question d’ascètes hindous, la première image qui vient à l’esprit est souvent celle de sages vivant dans des endroits reculés, des mystiques absorbés dans leurs contemplations. Les ascètes du monastère Parmarth Niketan sont bien loin de correspondre à l’image orientaliste de sages détachés du monde. Ils ont en effet inscrit Parmarth Niketan dans la « vague » des monastères hindous qui au travers de structures de type ONG interviennent de plus en plus dans l’éducation, la santé, et principalement depuis quelques années, l’environnementalisme. Ayant à cœur d’intervenir dans la gestion des problèmes du monde contemporain, ces ascètes enjoignent à leurs disciples de s’élever au-dessus de leurs intérêts personnels afin de partager le souci du bien commun et de se mettre au service des autres. Pourquoi des ascètes qui ont renoncé au monde se mettent-ils au service de ceux qui vivent dans le monde (humains et non-humains)? Une approchehistorique et anthropologique permettra d’analyser le mouvement diachronique des solutions apportées par Parmarth Niketan à divers problèmes de l’Inde contemporaine.

Johan Krieg est inscrit en quatrième année de doctorat en ethnologie à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense / Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative. Son travail de recherche porte sur l’un des traits marquants de la vitalité de l’hindouisme contemporain : l’intervention croissante de monastères hindous dans les questions sociétales en Inde, et plus spécifiquement, depuis peu, dans l’environnementalisme. Cette thèse vise à explorer les relations que les hindous membres d’une tradition monastique entretiennent avec l’environnement. Il s’agit, d’une part, d’examiner la relecture de l’hindouisme (ses textes, ses façons d’agir dans le monde) pour répondre aux défis environnementaux et, d’autre part, les déterminants politiques qui soustendent certaines des actions de protection de l’environnement menées par le monastère Parmarth Niketan.

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Making family care legible: the Chinese 2020-Family Education Law
Manon Laurent | Université de Paris/ Concordia University - Centre d'Etudes en Sciences Sociales sur les Mondes Africains, Américains et Asiatiques  (CESSMA)

#Mots-Clés : Family Care, Chinese State, Family Education

For a few years, representatives from the Chinese People's National Congress have been advocating for a law on family education which would, under the pretence of protecting the child, make family care legible. The recent pandemic and the lockdown measures, which led parents to be the sole educators for their child for several months, have hastened this legislative process and a law on family education is under discussion as of the fall 2020. This law stipulates precisely what methods parents should use to raise their children and what knowledge parents should inculcate to their children. This involvement in the intimacy of Chinese families is not new to the Chinese state and to China scholars. Scholars on population policies have studied extensively the One-Child Policy as an extreme example of social engineering, where the state controls the body and the sexuality of its population. In this presentation I argue that the Family Education Law is a continuation of the Chinese government involvement in the regulation of care practices within the families, following the footsteps of the political campaigns to produce good parenting norms launched by the All-China Women Federation (ACWF) in the 1950s. Based on an eight-month immersive fieldwork with parents from the urban middle-class, complemented with critical policy and media analyses, I argue that the Chinese Party-state official standards of good parenting practices and actively regulate family care.

Manon Laurent est doctorante en sociologie à l’Université de Paris et en science politique à l’Université Concordia (Montréal, Canada). Elle explore les relations État-société en Chine urbaine. Plus spécifiquement, elle travaille sur la parentalité comme un processus de politisation de la classe moyenne chinoise. Sa thèse porte sur la manière dont la marchandisation des ressources éducatives et l’intégration de la Chine dans un espace normatif mondial transforment les parents en acteurs politiques. Elle a enseigné à l’Université de Nanjing, à l’Université Concordia et à l’Université de Paris. Elle a notamment publié dans la revue Urbanités et dans les livres collectifs Disciplines scolaires et cultures politiques (dir. Patricia Legris et Jeremie Dubois, PUR) et Social Welfare in India and China – A Comparative Perspective (dir. Gao Jianguo, Rajendra Baikady, Lakshamana et Cheng Shengli, Routledge).

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Pratique artistique : du travail sur soi et à la thérapie sociale
Anny Lazarus | Université Montpellier 3 - Paul-Valéry - Centre de recherche sur la Chine (IRIEC)

#Mots-Clés : Chine, art contemporain, critique d’art, travail sur soi, répétition, performance, guérison

Au lendemain de la tragédie de Tian’anmen, certains artistes restés en Chine ont entrepris à travers une pratique artistique répétitive un travail sur soi en se « retirant du monde ». Li Xianting , critique d’art, a présenté au début des années 2000 le travail de ces artistes. Le texte publié à cette occasion est révélateur de deux manières d’établir des liens entre ces œuvres, avec d’une part certaines démarches occidentales telles que le minimalisme et d’autre part les gestes et rituels ancrés dans la culture traditionnelle chinoise. Ces artistes recentrés sur eux-mêmes cherchent aussi à atteindre une vie « insipide », loin de la prise en compte de la violence sociale. Celle-ci est au cœur du travail de He Chengyao, née en 1964, hantée depuis son enfance par la maladie mentale de sa mère. Dans ses performances, l’artiste revit les souffrances qui étaient infligées à sa mère sous prêtexte de la soigner. Son travail s’est ensuite orienté vers une forme documentaire concernant des familles confrontées à la maladie mentale, dénonçant les injustices sociales, les dégâts psychologiques causés par le collectivisme et l’idéologie du passé. Chen Guang, né en 1971, crée un lien entre ces deux types d’expériences. La répétition est aussi au cœur de son projet « Myriades de grains », une œuvre réalisée en accumulant des débris récoltés dans la banlieue de Pékin, que l’artiste a soigneusement recouverts de textes, pour ensuite les redisposer le long des routes de la province du Gansu, une manière symbolique de prendre soin du paysage. Tout en développant un travail sur soi (soigner ses propres blessures) Chen Guang propose entre 2017 et 2019 le dispositif « Pharmacie du docteur » dans lequel il réalise 360 performances, imaginant un véritable processus de guérison à l’adresse du public.

L’analyse de ces œuvres et des discours qui les accompagnent permet de mettre en évidence les corrélations entre souci de soi et souci d’autrui, chez ces artistes victimes ou témoins de la violence exercée par un système politique et social oppressant et menaçant.

Anny Lazarus, docteure en Sciences de l’Art, Langue et Littérature chinoises, est chercheuse associée au Centre de recherches sur la Chine (CRC-IRIEC) de l’Université Paul Valéry Montpellier 3 et membre du Réseau Asie & Pacifique. Sa recherche porte sur l’émergence de la critique d’art contemporaine chinoise après la Révolution culturelle, le rôle des revues spécialisées, la circulation des idées d’une culture à une autre et les difficultés de traduction. Elle étudie plus particulièrement le contexte historique et politique dans lequel les critiques d’art ont fondé leur discipline ainsi que les discours théoriques qui tentent de se démarquer de l’approche occidentale de l’art contemporain chinois. Elle a publié en 2010 avec Laurent Septier le guide Art Contemporain, Pékin en 11 parcours (Marseille : éditions Images en manœuvres et en 2017 La critique d’art chinoise contemporaine. Textes et contexte aux Presses Universitaires de Provence. Elle a participé à plusieurs journées d’études et colloques abordant les problématiques de sa recherche.

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An approach of medical ethical principles, practices and norms of care in the 2000s globalizing China
Evelyne Micollier | IRD - Centre d'études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA)

#Mots-Clés : medical ethics, care, norms, health, related practices, knowledge, anthropology, globalization, China

Framing “new ethics” inclusive of both Chinese and international characteristics has become a pressing issue, while China's research and innovation policy encouraged a turn towards a knowledge economy and while a number of international/Chinese corporates started to delocalize part of the industrial production in poorer countries offering cheaper labour. Plural health and care ideas, practices and medical sciences currently develop within the broader framework of social, economic and moral transformation of the Chinese society. Voices from civil society at large wish also to participate in the debates going on in the official, academic and media spheres. On one side, ethno-(medical) ethics may be contested by most international development actors who strongly support a universalistic view of ethics rather than inclusive of a pluralistic view of ethics; on the other side, local/national –emic or -etic knowledge through the voices of a number of lay people's groups, locally-based and trained experts, and official actors wish to be heard and may gain ground for recognition. Positions taken by all these stakeholders towards knowledge and practices of care may widely diverge. Selected issues discussed in the 2000s China related to medical and care ethical norms including bioethics in the context of the New Health Reform guidelines and implementation (launched from 2008), will be approached. My work is based on data and documents collected using anthropological methodology and archival research within the framework of a research project (2006-2011) in social sciences of health, one conducted in partnership with the IRD, UMI 233, Cluster Local Cultures and Global Heath, and the Peking Union Medical College/Chinese Academy of Medical Sciences at the Human and Social Sciences Department and the Center for Bioethics (IRD and PUMC/CAMS) in Beijing.

Evelyne Micollier est chargée de recherche à l’IRD, spécialisée en anthropologie sociale et de la santé, ainsi qu’en études chinoises, affectée au CESSMA (UMR 245), Université de Paris-IRD-INALCO. Elle s’intéresse aussi à l’Asie du sud-est continentale dans une perspective comparative de proximité avec la Chine du Sud. Ses travaux portent sur la pluralité thérapeutique et religieuse, le corps, le genre et la sexualité, sur des questions de gouvernance et d’éthique, ainsi que sur la production, la transmission et la circulation de savoirs scientifique, traditionnels, hybrides au temps de la globalisation.

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